Quand on évoque les énergies renouvelables, on pense à l’énergie solaire photovoltaïque, à l’éolien et à l’hydraulique. Mais l’énergie biomasse qui nous vient de la terre et des végétaux permet aussi de lutter contre les changements climatiques. Toute aussi ancienne que futuriste, la biomasse est la première forme d’énergie découverte avec le feu. La combustion de nombreux matériaux comme le bois, les déchets, les végétaux ou encore les polymères naturels, le carton et le biogaz fournit l’électricité grâce à la chaleur issue du processus. Valoriser la biomasse sans impact sur l’effet de serre est un enjeu de taille pour sortir de toute dépendance aux énergies fossiles.
En route pour 2050
En France, un grand projet initié par le ministère de la transition écologique a vu le jour début 2022 afin d’accélérer la production de biomasse pour remplacer le charbon encore utilisé par l’industrie et les chaufferies. L’objectif : atteindre la neutralité carbone en 2050 dictée par l’Accord de Paris sur le climat. La problématique : la biomasse est une énergie renouvelable mais limitée… Les atouts : la France détient le premier parc et la quatrième surface forestière d’Europe. Quant au biogaz issu des déchets agricoles et ménagers, il ne cesse d’évoluer dans le mix énergétique
Augmenter la production de biomasse
La France étant le premier pays producteur agricole de l’Europe, les terres agricoles sont un atout formidable pour créer de la biomasse avec notamment les résidus des cultures, les effluents d’élevage et la photosynthèse des végétaux. Le bois énergie issu des forêts en développement sont également des puits de carbone : développer cette ressource renouvelable est aussi l’occasion de valoriser l’économie circulaire, les emplois locaux et réduire la dépendance aux énergies non renouvelables.
La biomasse terrestre
La biomasse, littéralement la masse du vivant, représente l’ensemble de la matière organique d’origine végétale ou animale présente sur terre et dans les océans
La biomasse terrestre se répartit entre des zones à forte concentration comme les zones forestières jusqu’aux zones plus pauvres que sont les déserts.
Bon à savoir
En 2020, le bois-énergie est devenu la première ressource renouvelable en France, soit 40 % des énergies renouvelables.
Le biogaz représente 3,9 % de la consommation. Seulement 19,1 % représente la part des énergies renouvelables dans la consommation de notre énergie.
Choisir une électricité verte
Avec le nouveau label VertVolt de l’Ademe, chacun peut choisir en toute transparence parmi les offres d’électricité verte. Et ainsi, participer activement à la transition énergétique.
Le fournisseur le plus exigeant est Enercoop, labellisé « choix très engagé » et « sans nucléaire » pour 100 % de son offre aux particuliers : parmi ses 408 producteurs dont la moitié fournit une électricité produite localement, 5 sites sont dédiés à la biomasse dont une station de lagunage en Nouvelle-Aquitaine et un méthaniseur (producteur de fromage de chèvre bio) à Villefranque en Occitanie. Pour chaque kWh consommé par ses clients, Enercoop achète un kWh à l’un de ses producteurs locaux. Attention, cela ne signifie pas que l’électricité qui arrive à votre prise n’est pas d’origine nucléaire ou autre, mais c’est un encouragement au développement des énergies renouvelables locales.
Transition énergétique
La biomasse est envisagée comme l’un des acteurs clés à développer pour remplacer le pétrole, le charbon et le gaz, ces énergies fossiles sources de gaz à effet de serre. Et les bioénergies que la biomasse génère ont plus d’une corde à leur arc puisqu’il s’agit non seulement d’un grand nombre de déchets à recycler (ménager, papeterie, bois-énergie, agriculture) mais aussi de nombreux composants et matériaux divers et variés (issus du textile notamment). Février 2022, une centrale Biomasse de cacao a été inaugurée en Guyane : elle va alimenter 16 000 foyers grâce aux déchets de la scierie de cacao et ainsi éviter 28 500 tonnes d’émissions de CO2 par an.
Le défi du biogaz
La biomasse par méthanisation permet de recycler les déchets agricoles comme le fumier, les décharges urbaines et autres boues d’épuration. Tous ces déchets sont transformés en biogaz par fermentation pour être ensuite brûlé. Sa production ne cesse d’augmenter pour introduire les réseaux de gaz naturel et produire de l’électricité. Mieux, transformer du biogaz en électricité ne produit pas de gaz à effet de serre comme le méthane. En France, 10 % de la production d’électricité issue de la biomasse provient de la combustion du biogaz.
Biomasse vivante
Les matières organiques du monde végétal et leur biomasse seront-elles au centre de la transition énergétique ? Car avant de devenir notre électricité, la biomasse est produite naturellement par la photosynthèse des plantes. Comme acteur clé dans le cycle du carbone, en participant à son stockage pendant le cycle de la croissance des végétaux et la photosynthèse, elle absorbe le CO2 de l’atmosphère sous forme de matière organique. Ainsi, la biomasse fournit de l’énergie renouvelable mais dépend du grand cycle de la nature.
Le scénario Pulse Fiction de WWF
Le Fond Mondial pour la Nature WWF propose une étude de la biomasse avec l’association Solagro – spécialiste de l’agroécologie – afin d’estimer son potentiel énergétique en 2050. Déchets verts, eaux usées, filières agricoles et forestières et autres déchets urbains sont passés au crible pour évaluer l’évolution de cette énergie renouvelable (mais limitée). L’estimation de biomasse disponible en 2050 est chiffrée entre 45 et 50 MtMS (mégatonne de matière sèche) par an provenant de l’agriculture et 52 Mm 3/an (millions de m 3) provenant des forêts françaises et du bois hors forêts. L’enjeu : que tout soit exploité de manière durable. Ainsi, cette biomasse sera doublement utile pour lutter contre le réchauffement climatique…