Originaire des régions méditerranéennes les plus chaudes, l’Égypte, l’Afrique du Nord, peut-être l’Éthiopie, l’artichaut est un chardon qui a bien réussi. On pense que les Grecs et les Romains consommaient une plante voisine. L’artichaut serait resté cantonné à l’Afrique du Nord avant de disparaître des témoignages ; jusqu’au Moyen Âge on trouve trace uniquement des cardui, cardes et cardons. Sa culture démarre vraiment en Italie au XVe siècle – il arrivera sans doute en France à la faveur des guerres d’Italie entre 1494 et 1525, les premières traces datant de 1532, dans des écrits d’Avignon – ; il semble ensuite gagner lentement la Navarre, à partir de l’Andalousie au début du XVIe siècle. De sa filiation avec le monde des chardons, l’artichaut traînera une piètre réputation, on dit qu’il est indigne que des hommes mangent ainsi une nourriture destinée aux ânes. Pourtant, dans le même temps, il est un mets de choix dans certaines régions : Catherine de Médicis en était très friande, et c’est pour approvisionner les tables des grands que sa culture connaîtra son essor dans la Loire ; Roscoff, en Bretagne, mais aussi Macau, en Gironde, s’en feront une spécialité, de même que dans les environs de Nice et d’Ollioules dans le Var, régions se partageant toujours l’essentiel de la production.
La culture
L’artichaut est volumineux, et en place pour plusieurs années, il est donc réservé aux grands jardins. Désormais on trouve facilement des plants en jardinerie, dûment identifiés ; aussi le semis est tombé en désuétude. Préférez les plants en godets, d’autant que deux ans plus tard, vous pourrez procéder à l’œilletonnage pour avoir encore plus de plants.
Plant ou œilleton, plantez vos sujets en mars-avril en laissant 1,50 mètre en tous sens entre deux pieds. Donnez une terre riche, souple et profonde et une exposition ensoleillée et dégagée. N’enterrez pas trop les plants ni les œilletons, laissez leur collet légèrement apparent au-dessus de la surface du sol.
La première condition pour réussir la culture de l’artichaut c’est de maintenir l’humidité de la terre au niveau de son pied, depuis la plantation jusqu’à la récolte. Soyez régulier sur les arrosages. Mieux encore, déposez un abondant paillage, il servira aussi plus tard en hiver. La seconde condition, c’est de le protéger du froid, car l’artichaut, costaud en apparence, est assez frileux. Dans les régions où le froid avoisine – 6 °C, c’est une nécessité. On retrouve ici l’usage du paillage, mais dans les régions vraiment froides, à l’approche de l’hiver, supprimez toutes les feuilles mortes, les tiges ayant produit, rassemblez le feuillage et liez le tout de manière un peu lâche, tout de même, pour éviter le pourrissement du cœur. Buttez le pied avec de la terre, recouvrez la plante partiellement ou totalement de feuilles mortes ou de paille, bien sèches. De temps en temps aérez pour éviter le développement de pourritures, surtout lors d’hivers humides.
Les bons artichauts
Camus de Bretagne
Le plus gros des artichauts (300 g à 500 g le capitule) et aussi le plus produit, très cultivé dans l’Ouest.
Vert de Laon
C’est le meilleur pour la culture au nord de la Loire par sa résistance au froid.
Blanc Hyérois
C’est l’artichaut du grand Sud-Est, cultivé du Var jusque dans le Roussillon. Beau capitule aux bractées bien serrées.
Depuis les années 1980, l’Inra a mis au point toute une série de variétés aux meilleures performances surtout appréciées pour leur résistance aux maladies. Localement on trouve dans les jardineries des petites séries de plants, guettez Caribou, Salanquet, Castel, Carlite, Cari, Calico, Popvert, Salambo…
Et si vous préférez les artichauts violets, essayez Violet de Provence. Il donne de petits capitules pointus et coniques de moins de 100 grammes pour les plus gros, aux écailles violettes, serrées. Toute la tête est tendre, à consommer en entier. Les plus petits sont appelés « poivrades », les plus gros « bouquets ». Un délice à déguster entre mars et mai puis de septembre à décembre.
L’artichaut
Nom commun : Barigoule, bérigoule, scolyme
Nom latin : Cynara scolymus
Famille : Astéracées
Plante vivace à port ample et dressé, de 1 mètre à 1,75 mètre poussant en touffe. Grandes feuilles découpées, larges et longues, de plus d’1 mètre, grisâtres, recouvertes d’un duvet plus ou moins important, surtout au revers. Tiges portant les capitules verts ou violets, ronds ou allongés (les artichauts) formés d’écailles (les bractées), charnus à la base. Fleurs hermaphrodites, violettes.
L’artichaut médecin
L’artichaut est à la fois cholérétique, il favorise la sécrétion de la bile, et cholagogue, il en améliore l’élimination. Il est aussi digestif et diurétique. L’expérimentation montre qu’il est également hypocholestérolémiant grâce à la cynarine qu’il contient. Les « feuilles » de l’artichaut qu’on consomme sont en fait les bractées de son inflorescence ; en médecine, ce sont les vraies feuilles situées le long de la tige qui sont classées dans la pharmacopée française pour leur richesse en cynarine. À la maison, le mode d’administration le plus simple est l’infusion : mettez 20 grammes de feuilles sèches par litre d’eau frémissante à laisser pendant 15 minutes. Buvez-en dans la journée et en fin de repas lors d’une cure de plusieurs jours en vous pinçant légèrement le nez car elle est très amère. Attention, l’artichaut ne doit pas être administré à des personnes souffrant de troubles biliaires sans l’accord préalable d’un médecin.
L’artichaut vous fait de l’œil
En septembre-octobre, dans le Midi et l’Ouest et de préférence en début de printemps en mars-avril dans les autres régions, dégagez la terre autour des plantes mères et récupérez les plus beaux œilletons (rejets) qui ont 4 à 5 feuilles en sectionnant à la bêche pour récupérer le départ intact avec quelques racines. Réduisez de moitié la longueur du feuillage et raccourcissez les racines pour les égaliser (on dit qu’on « habille » les plants). Plantez tous les 10 centimètres sans trop les enterrer en veillant à ne pas recouvrir le cœur de terre. Arrosez copieusement pour tasser la terre autour des racines. Constatez la reprise à l’apparition de nouvelles feuilles. Éclaircissez sur le rang ou transplantez en place définitive.
Le truc des vieux jardiniers
En fin de première année, la propre végétation de l’artichaut suffit à ombrer son pied, mais la première année les anciens jardiniers semaient du trèfle blanc entre les rangs. Comme toute fabacée, le trèfle enrichit la terre d’azote et sert d’engrais vert par la même occasion.
Le semis, si vous y tenez vraiment
Semez en février-mars à l’abri à raison d’une graine par godet. Élevez pendant 2 mois, au besoin rempotez dans un godet plus gros de 7 à 9 centimètres et plantez en place définitive en mai. Il est possible aussi de semer en poquet directement en place, en mars dans le Midi, en avril-mai ailleurs, en déposant 4 à 5 graines tous les 80 centimètres à 1 mètre en vue d’un éclaircissage plus tard. En général plus robustes, les plants issus de semis ne reproduisent pas toujours fidèlement les caractéristiques des parents.