D’où provient le choix du rouge des camions de pompiers ?
Il n’est jamais agréable de voir un camion de pompiers, sirène hurlante, dans la rue. Cela dénote aussitôt d’une situation d’urgence ou d’un drame dans les parages. Nous avons d’ailleurs tous la même réaction : cela nous met en alerte, car cela suggère qu’il y a un danger qui rôde autour de nous. L’idée d’une catastrophe comme un éventuel incendie est très perturbante, car on imagine alors que cela pourrait se produire dans notre quartier, dans notre voisinage ou pire dans notre maison.
Depuis toujours, à chaque fois que l’on aperçoit ce camion qui file comme l’éclair, nous sommes confrontés à cet éventail de pensées torturées. Or, jamais nous n’avons pris le temps de comprendre d’où provenait le choix de la couleur rouge du véhicule. Sûrement parce que cela tenait du bon sens : cette teinte accroche l’œil, elle se démarque de toutes les autres, elle rappelle la couleur de la flamme vivace. Sans compter toute la symbolique psychologique : le rouge est souvent associé à la chaleur, la puissance, la force, mais aussi le danger, la violence, le drame, etc. Tant de concepts abstraits qui pourraient largement justifier le choix de cette couleur.
Pourtant, il y a une autre explication que beaucoup de gens ne connaissent pas. Saviez-vous, par exemple, qu’en France, les couleurs qui prédominaient chez les pompiers étaient le vert et le noir ? Le changement de couleur n’a été emprunté aux anglais que vers la fin du 19ème siècle.
Une couleur stratégique qui se remarque de loin
Revenons à l’époque où il n’y avait ni voitures ni camions. À cette période là, les pompiers utilisaient des wagons ou des chariots tirés par des chevaux. Ces moyens de transport, généralement utilisés dans les fermes, étaient souvent peints en rouge, une couleur économique qui cachait la saleté et la poussière. Mais le vrai tournant arrive avec l’influence anglaise.
L’entreprise familiale londonienne « Merryweather & Sons » a été l’une des premières au monde à fabriquer les équipements de lutte contre l’incendie. Fondée à Londres en 1691, elle était avant-gardiste puisque jusque-là les brigades de pompiers n’existaient pas. Avec le temps, elle s’est dédiée entièrement à la fabrication de machines à vapeur pour les camions de pompiers et les tramways.
En 1899, l’entreprise troque les pompes à main contre la toute première machine à vapeur surnommée « Fire King ». Ce camion révolutionnaire se dotait d’une chaudière verticale qui permettait de pomper l’eau à haute pression pour ainsi mieux appréhender les incendies les plus graves. Il était rouge, évidemment. Une fois que les moteurs ont été installés, ils étaient également recouverts de rouge. Si cette teinte s’est généralisée, c’est surtout pour une question de visibilité : c’est une couleur qui attire l’attention, qui est reconnaissable entre mille et qu’on remarque de loin.
Bien qu’il existe plusieurs théories, la plus évidente semble démontrer une stratégie sur le marché automobile qui commençait à se développer. Très vite, les français ont été séduits par la couleur rouge empruntée aux anglais et se sont mis à peindre leurs équipements de cette couleur. Par la suite, de nombreux pays à travers le monde emboîteront le pas.
Le saviez-vous ?
Comble de l’ironie : alors même que les anglais sont les précurseurs de ces camions rouges, suite à de nombreuses études, ils se sont ravisés au fil du temps. Il a été révélé que ces véhicules vermillon étaient bien visibles le jour, mais beaucoup moins dans l’obscurité nocturne. Si bien, qu’après quelques tests, le jaune vif est sorti du lot. Cette couleur s’est avérée beaucoup plus harmonieuse de jour comme de nuit, plus visible et mieux éclairée même lorsque le temps n’est pas clément.
De nos jours, de nombreux services d’incendie britanniques disposent de camions jaunes clair ou jaune vif. Parfois même, on retrouve des véhicules combinés de rouge et de jaune.