Protocole obsolète ou tradition oblige, les avis sont souvent mitigés quant à la demande en mariage. Si certains n’en voient plus la nécessité, d’autres veulent jalousement préserver cette coutume traditionnelle à la portée romanesque. Des plus classiques aux plus extravagantes, les propositions de mariage ont évolué au fil du temps. Mais il serait bon de plonger dans le passé pour mieux en comprendre les origines. D’autant que cette pratique n’était pas aussi sentimentale qu’on aurait pu le croire !
Comment est née la tradition de la demande en mariage ?
Jadis, on ne parlait pas de mariage « d’amour ». C’était plutôt une affaire commerciale. Les mariages étaient généralement arrangés pour des alliances stratégiques entre deux familles ou pour des raisons financières. En ce temps-là, bien qu’elles jouissaient de certaines libertés, les femmes n’avaient pas le pouvoir de prendre des décisions importantes et ne bénéficiaient pas de droits proprement dits. Dès lors, pour sceller une alliance maritale, la décision revenait au patriarche de la famille.
Selon la tradition, lorsqu’un homme choisissait sa future épouse pour le mariage, il devait faire sa demande directement au père de la jeune femme. Ce dernier avait le pouvoir d’accepter ou de refuser cette proposition de mariage. Il devait alors se baser sur son statut et ses revenus matériels pour s’assurer que sa fille sera à l’abri du besoin. Très souvent, lorsqu’il s’agissait de jeunes gens, l’affaire se concluait entre les pères respectifs de l’un et de l’autre. Les intéressés n’avaient donc pas vraiment leur mot à dire et devaient se soumettre au bon vouloir de leurs parents. On mariait d’ailleurs les filles encore très jeunes afin d’assurer leur avenir et qu’elles puissent fonder une famille.
A cette époque, il y avait le concept de « manus » (main), cela symbolisait le pouvoir juridique du père sur sa fille. En demandant sa main, ce pouvoir allait donc être transféré au futur mari. Ce dernier aurait ainsi le contrôle sur son épouse, considérée désormais comme un membre à part entière de sa famille. A noter que ce concept ne s’appliquait pas seulement aux femmes, mais aussi aux personnes asservies.
Au fil du temps, bien heureusement, la demande en mariage a évolué dans les mœurs, prenant un tournant plus romantique et sentimental. La proposition s’accompagne d’une bague de fiançailles et l’homme s’agenouille devant la personne qu’il souhaite épouser. Précisément, cette dernière coutume, qui remonte au Moyen Âge, renversait l’aspect de soumission des femmes envers les hommes.
Genou posé à terre devant l’être aimé…
Ce qui est intéressant de savoir, c’est qu’au Moyen Âge, en guise de respect, il était coutume de s’agenouiller devant le roi. Cet acte de soumission a par la suite été transposé lors de la demande : les hommes ont alors commencé à mettre un genou à terre devant leurs chères et tendres en signe de dévotion.
Cette tradition a marqué les esprits et s’est perpétuée au fil des siècles et des générations. Alors que les femmes se sont émancipées et qu’elles ont acquis des droits, le rituel de la demande en mariage perdure encore aujourd’hui. Plus question de faire intervenir une tierce personne, on fait sa demande directement à la personne concernée. Ce geste est d’ailleurs considéré comme particulièrement romantique par de nombreux couples. Souvent par surprise, sans s’y attendre, la femme se retrouve face à son compagnon agenouillé présentant un écrin à la main. De la mise en scène la plus sobre à la plus originale, c’est généralement un moment intense en émotion que beaucoup choisissent de partager avec leurs proches.
Toutefois, et malgré la tradition, la demande en mariage n’est plus réservée exclusivement aux hommes. De plus en plus de femmes osent franchir le pas et prennent l’initiative de faire cette proposition à leurs partenaires.
Il faut souligner que si certains restent conservateurs et apprécient pleinement le champ traditionnel de la demande, pour d’autres, ce rituel n’est pas une nécessité absolue. D’autant que le divorce a pris de l’ampleur ces dernières années. Autant dire que le mariage a perdu de son aura solonnelle et de sa sacralisation. Parfois, on peut décider de se marier sur un coup de tête, sans faire une demande dans les règles de l’art. En vérité, cette coutume est propre à chacun. Il n’y a pas de règle : chaque couple envisage le mariage différemment. Les uns vont ainsi perpétrer la tradition avec une demande en bonne et due forme, une bague en diamant, une cérémonie prestigieuse planifiée des mois à l’avance…Les autres pourront se contenter d’une union rapide à la mairie et d’un repas entre amis à la bonne franquette. Finalement, l’important n’est pas dans la forme mais dans le fond.
Pourvu que le conte de fées dure toujours…