« Tout ira bien », « c’est juste un bobo », « tu exagères », sont toutes des phrases que les parents ont tendance à dire à leur enfant pour le rassurer, banaliser son mal et « l’aider » à passer à autre chose, et qui ont toutes des connotations négatives et des conséquences indésirables sur sa personnalité, son amour-propre et sa confiance en soi. Elias Hull Porte, psychologue américain a érigé des travaux à l’université d’Etat de l’Ohio, sur les attitudes d’écoute. Pour l’expert, il faut vraiment écouter les enfants pour les soulager et surtout savoir les écouter d’une manière constructive.
La parentalité : un plaisir intellectuel
Loin du surmenage de la vie, si vous prenez un peu le temps de repenser certaines de vos réactions avec vos enfants, vous vous rendrez peut-être compte qu’elles pourraient insinuer la dépréciation, la manipulation et le contrôle.
Nous le savons, vous ne le faites pas exprès. Une fois parent, on a une double vie et une double casquette : écouter l’enfant en soi et panser ses maux d’une part, tout en inspirant le meilleur exemple à son enfant en lui inculquant les valeurs et le sens critique. Avouons-le, être parent est un travail à temps plein, une responsabilité inestimable mais surtout un plaisir après tout. Savez-vous pourquoi ? Parce que votre enfant nourrit également votre âme et vous êtes chanceux pour ça !
Donner sciemment une part de conscience, de générosité, d’intellectualité, d’intelligence émotionnelle, de « soi » surtout, est la meilleure chose que vous pouvez offrir à votre enfant, et il ne vous remerciera jamais assez pour ça.
Comment consoler son enfant ?
Les besoins d’un enfant sont minuscules et sont assouvis généralement après le premier contact physique avec ses parents. Pourtant, nous vivons à une époque où « le burn-out parental » est devenu un mode de vie, à laquelle se joignent les conseils populaires pour se faire obéir par son enfant ou pour l’avoir sobre et conciliant… Un enfant modèle qui ne pleurniche pas, ne fait pas la tête, ne s’expose pas aux situations de vulnérabilité et qui a le mental d’un adulte précoce.
Votre petit garçon ou votre petite fille, s’ils trouvent en vous un refuge, c’est pour extérioriser leur mal, leur propre tristesse, une injustice… ou encore, pour vous faire part d’une peur, d’un événement tragique, d’un soupçon innocent d’enfant… Ils s’attendent à ce que vous fassiez preuve d’empathie, à ce que vous leur fassiez un câlin, ils aiment votre voix douce, votre « je t’aime ». Ils ne s’attendent pas à ce que vous refoulez leurs sentiments, banalisez leur peur, les comparez aux autres ou que vous les sous-estimez…
En pleurs, votre enfant a besoin d’être d’abord câliné, ensuite rassuré. Ecoutez-le et mettez le doigt sur son mal pour mieux l’aider.
Les phrases à éviter lorsque vous réconfortez votre enfant
La liste est longue, nous vous donnerons des exemples. La philosophie de l’éducation de votre enfant, vous l’avez déjà comprise.
1. Tout le monde souffre, sois patient »
Un enfant doit être certain qu’il a droit à l’empathie et au bien-être. Dire ces mots à votre enfant, c’est une façon d’opprimer son droit au bonheur et de ne pas partager ses sentiments.
2. « Les garçons/grands ne pleurent pas »
C’est la chose la plus stupide dont un enfant doit être convaincu. Il en croira toute la vie et finira par dissimuler ses sentiments et à accumuler une énergie négative qui rongera son âme et sa santé mentale et physique.
3. « Rien de cela ne s’est passé »
Un enfant qu’on détrompe, malgré son intelligence, sera un adulte qui manquera de confiance en lui. Il doutera toujours de lui.
4. « Tu es moche avec les larmes aux yeux »
C’est une façon de lui dire qu’il n’a pas le droit de se sentir faible ou triste, qu’il doit toujours être beau et que la beauté est toujours synonyme de perfection.
5. « Arrête de pleurnicher, tu exagères »
Un enfant qui ne voudra pas passer pour un pleurnicheur devant ses parents, aura tendance à refouler ses sentiments pour être apprécié. La peur de ne pas être aimé pousse l’adulte à supporter des situations très indignes… A quoi bon lui infliger tout ce stress ?
Selon le psychologue Elias Hull Porte, il faut écouter son enfant sans porter de jugement et sans donner la solution : l’enfant la trouvera par lui-même. C’est la meilleure stratégie pour lui redonner confiance en lui.
Que faut-il apprendre à son enfant ?
Aimer son enfant c’est lui apprendre qu’il mérite l’amour, la gentillesse la compassion…
C’est lui permettre d’exprimer librement ses émotions, lui faire savoir qu’il a droit à l’erreur et à la bêtise, d’avoir mal, de pleurer, de dire non, de dire oui, qu’il peut être authentique…
C’est aussi lui montrer comment assumer son tort et commémorer sa victoire, que la vulnérabilité fait aussi partie de la vie. Qu’il est juste humain, dans sa forme la plus pure et dure.
Inculquez-lui ça et n’ayez pas peur que la vie soit parfois dure avec lui, il saura s’en sortir avec beaucoup de foi et de sagesse. Il est bien équipé !
Ceci dit, le voyage vers ce summum de la liberté d’expression et de l’affirmation de soi ne se produit pas du jour au lendemain. Il commence dès maintenant, dès lors qu’il vient se jeter dans vos bras en pleurs pour manifester un mal, demander votre compassion ou simplement pour avoir un long câlin qui pourrait lui procurer un sentiment de sécurité.
La prochaine fois que votre enfant court en sanglots dans votre direction, ne lui dites pas ces phrases… ça change tout sur le long terme !
Chers parents, la vie vous a fait le meilleur cadeau qui puisse exister : un enfant, une bénédiction. Vous l’aimez inconditionnellement et pour toujours. Vous verrez le monde à travers ses yeux et vous vous ferez une joie de le voir grandir avec toutes ces belles choses que vous lui avez apprises. Surtout, ne banalisez pas ses sentiments !