Tout le mérite revient au Dr Naresh Bhanushali, un gynécologue de la ville de Bhuj dans l’État du Gujarat, qui a mené avec succès l’intervention sur Jivuben Vallabhai Rabari. Cette dernière a accouché d’un petit garçon en bonne santé malgré son âge élevé. Le médecin a confié au quotidien britannique The Independant, qu’il n’avait jamais vu un cas pareil en 20 ans de pratique.
Avoir un bébé à tout prix !
L’espoir fait vivre, comme on dit. Ce couple s’est largement accroché à cet espoir, mais en vain. Son seul grand regret dans la vie : ne pas avoir eu d’enfant. Après 45 ans de mariage, les deux époux auraient pu se faire à l’idée de finir leur vie ensemble sans progéniture. Eh oui, mais c’était mal connaître Jivuben Valabhai Rabari ! Tenace et déterminée, elle n’a jamais lâché l’affaire. Contre vents et marrées, elle avait encore l’espoir fou de mettre au monde son enfant. Qu’importe les risques, les complications et les avertissements des médecins.
Productrice de lait dans un petit village en Inde, Mme Rabari n’avait aucun document à fournir pour attester son âge. Les dossiers d’admission à l’hôpital, consultés par le journal The Independent, ne mentionnaient pas sa date de naissance, puisqu’elle ne disposait ni d’un acte de naissance ni d’une carte d’électeur (un problème courant dans les zones rurales de l’Inde). Cependant, les médecins ont déclaré qu’elle devait avoir environ 70 ans. Après s’être longuement renseigné sur la fécondation in vitro, elle a exhorté les médecins à regarder au-delà de son âge pour lui permettre d’essayer le traitement et d’exhausser son rêve.
Une rencontre providentielle
Bien que désespérée, sa persévérance forçait le respect. Alors que tous les médecins semblaient totalement réfractaires, l’un d’eux est sorti du lot. Le Dr Bhanushali a déclaré que Mme Rabari l’avait rencontré pour la première fois après que quatre membres de sa famille avaient réussi à concevoir des enfants grâce aux traitements de FIV qu’il avait lui-même dirigé. « Je lui ai expliqué que ces femmes avaient toutes entre 45 et 50 ans et que le traitement par FIV était donc possible. J’ai essayé de lui prodiguer des conseils, en lui expliquant qu’elle était trop vieille et que c’était dangereux pour sa santé, qu’elle risquait même de perdre la vie (…). Mais elle n’a pas voulu m’écouter. Elle a finalement commencé à pleurer et a dit ‘Même si je meurs, je serai heureuse d’avoir au moins essayé d’avoir un enfant’. Elle était si émue que j’ai fini par céder », a déclaré le Dr Bhanushali, qui a supervisé la procédure au centre de FIV.
Et le miracle est arrivé…
L’enfant a été conçu par fécondation in vitro dans la région du Gujarat, au nord-ouest du pays. Et, la mère a donné naissance à son petit garçon par césarienne au huitième mois de grossesse. Autant dire que la joie des parents fut indescriptible ! « C’est un cas rare, on peut appeler cela un miracle. Je pratique la médecine depuis 20 ans et j’ai effectué plus de 1 000 traitements de FIV mais je n’ai jamais vu un cas comme celui-ci. Même si nous sommes heureux que la FIV ait réussi, nous exhortons néanmoins les gens à ne pas tenter de tomber enceinte à un âge aussi avancé », a déclaré le Dr Bhanushali. « Nous avions une équipe de docteurs, notamment un cardiologue et un physicien disponibles au cas où… Ça aurait pu mal se passer à cause de son âge, mais elle a donné naissance à un bébé en bonne santé », dit-il enthousiaste.
Une véritable prouesse médicale
Pour mener à bien l’intervention, le médecin a d’abord procédé à une opération pour agrandir l’utérus de sa patiente et lui a administré des traitements hormonaux pour déclencher ses règles. Et pour cause, Mme Rabari était ménopausée depuis plus de 20 ans. Ensuite, le Dr Bhanushali a transféré un seul embryon par FIV. « Dans les traitements de FIV de routine, nous transférons plusieurs embryons, mais dans son cas, nous n’en avons transféré qu’un seul, car son utérus n’aurait pas été capable d’en accueillir davantage », a-t-il expliqué.
Deux semaines plus tard, les analyses de sang effectuées ont fini par apporter la bonne nouvelle : Mme Rabari était enceinte ! « Le bébé s’est développé correctement sans aucune anomalie. Mais au huitième mois, sa tension artérielle était élevée et nous avons décidé d’accoucher un mois plus tôt », confie le médecin. L’intervention et les soins postopératoires se sont déroulés sans aucune complication. Le « bébé miracle », prénommé Laalo, est resté en observation à l’hôpital pendant 15 jours. Ensuite, la mère et l’enfant ont été autorisés à rentrer chez eux.« Nous étions très inquiets de ce qui arriverait au bébé si sa maman décédait soudainement. Mais les membres de sa famille et plusieurs personnes de son village m’ont assuré qu’ils prendraient soin de l’enfant si quelque chose arrivait à sa mère », raconte le Dr Bhanushali.
« Nous avons eu beaucoup de chance que l’opération ait réussie sans problème », confesse le médecin. Néanmoins, bien que toute l’équipe médicale ait pris grand soin de cette patiente, surveillant de près son hémoglobine et, faisant même intervenir des cardiologues, pour prévenir toute complication cardiaque, un tel accouchement réussi reste tout de même un fait rare et exceptionnel.