Les liens que nous tissons avec les animaux sont privilégiés et inestimables. Même si nous n’avons pas le même langage qu’eux, leur affection est si pure et authentique, qu’on s’y attache très rapidement. Si bien que les adieux sont souvent déchirants. Voilà pourquoi ce duo nous a bouleversé. A les voir ensemble, on sent bien que Jupiter et Ana Julia ont noué une relation unique et vraiment spéciale. Découvrez cette histoire particulièrement émouvante racontée en 2020 par le quotidien national colombien El Tiempo.
Cette colombienne a consacré sa vie à soigner les animaux maltraités
Nichée dans le sud-ouest de la Colombie, la Villa Lorena est un refuge animalier pas comme les autres qui abrite divers animaux : quatre lions, neuf tigres du Bengale, des jaguars, des couguars, un crocodile, un ours et une autruche. Ce refuge a également accueilli un chimpanzé nommé Jocko, des singes-araignées et des centaines d’oiseaux aux couleurs vives. Ces animaux ont tous un dénominateur commun : « Ils sont arrivés dans un piteux état, parce qu’ils ont tous été maltraités par leurs précédents propriétaires. Les singes ont été battus, les oiseaux ont eu le bec coupé. La plupart des animaux sont boiteux ou ont perdu des membres. Certains sont aveugles ou ont perdu un œil et ont du mal à se concentrer… », explique Ana Julia Torres Gutiérrez, la responsable de l’établissement.
Depuis plus de 20 ans maintenant, cette colombienne de 55 ans, héberge les animaux maltraités. Un mauvais traitement qui témoigne de la face cachée et sombre de la société colombienne. Il faut savoir notamment que les barons de la drogue et les commandants des escadrons de la mort avaient autrefois des jaguars et des tigres comme mascottes. Lorsque ces hommes sont extradés vers les États-Unis, les policiers confisquent les animaux des contrebandiers et des cirques clandestins. Ils se retrouvent alors à la Villa Lorena, dans la ville de Cali. Certains d’entre eux sont hébergés dans des cages étroites, d’autres dans de grands enclos semblables à ceux d’un zoo moderne. « Mais, ce n’est pas un zoo ! », précise la femme. « C’est avant tout un refuge, une maison de retraite, un hôpital. C’est un endroit où nous aimons, protégeons, défendons et respectons les animaux », souligne Ana Julia. Elle explique qu’elle dirige trois écoles privées dont les dons et les revenus contribuent à financer la Villa Lorena et ses 10 employés. « On dit que je suis folle parce que j’ai consacré ma vie à ça. Parce que j’ai oublié les choses matérielles », dit-elle. Mais, cette femme admirable et exemplaire voue une véritable passion pour les animaux et n’a jamais imaginé vivre autrement. « Officiellement, j’ai deux enfants. Mais les 800 animaux que j’héberge, je les considère aussi comme mes enfants. Certains sont griffus et d’autres très poilus, mais ils sont tous merveilleux ! ». Elle a soigné notamment neuf tigres du Bengale, des jaguars, un couguar, un crocodile, un ours à lunettes et même une autruche.
Le lion Jupiter était le chouchou de la soignante
Parmi les 800 animaux du refuge, le préféré d’Ana Julia n’est autre que Jupiter, un adorable lion colombien, doux et affectueux, rapidement devenu célèbre à la Villa Lorena. Il arrivait tout droit d’un cirque où il était souvent maltraité lors de ses spectacles. Même ses griffes ont été coupées. Lorsqu’elle l’a vu dans cet état, elle en était profondément attristée et elle voulait absolument lui refaire une santé. Jupiter, quant à lui, après le mauvais traitement subi au zoo, il avait perdu sa foi et sa confiance envers les humains, persuadé qu’ils se valaient tous. Il s’était renfermé sur lui-même et craignait qu’on ne l’approche. Mais, lorsqu’il a été confié aux soins d’Ana Julia, sa phobie a commencé à disparaître. Il s’est progressivement senti protégé et en sécurité. Elle lui a tout bonnement sauvé la vie.
Jupiter s’est alors rapproché davantage de sa soignante. Il a commencé à la considérer comme une amie : alors qu’il était au départ craintif et nerveux à son arrivée au refuge, au fil du temps, son tempérament a changé aux côtés d’Ana Julia. Il lui montrait de l’affection, de la douceur et beaucoup de gratitude. La femme, elle, s’était attachée à lui et a passé énormément de temps à le soigner et le chouchouter. Hélas, en raison du manque de documents, le lion n’a pas pu rester au refuge. Les autorités ont fini par le transférer au zoo de Los Caimanes, dans la ville de Montería à Córdoba. Ce fut un véritablement déchirement pour la soignante. Elle fut encore plus malheureuse lorsqu’elle a appris que Jupiter était tombé malade quelques temps après leur séparation. Le changement d’environnement lui a fait perdre beaucoup de poids (il est passé de 200 à 90 kilos !) et sa santé ne faisait que se dégrader, jusqu’à ce qu’il développe un cancer du foie.
Des adieux émouvants avant le grand départ…
En apprenant qu’il était très malade et qu’il risquait de mourir, Ana Julia tenait absolument à lui sauver la vie et elle s’est démenée pour le transférer dans une zone plus proche d’elle, afin de lui offrir tous les soins dont il avait besoin. Jupiter a donc été installé au zoo de Cali où les médecins ont travaillé sans relâche pour tenter de le remettre d’aplomb. Malheureusement, le lion était déjà en phase terminale, il a fini par perdre la bataille contre le cancer : il est décédé le 18 mars 2020.
Après avoir passé près d’une année loin de sa soignante, lorsqu’il est retourné près d’elle, Jupiter semblait vraiment heureux de la retrouver. Même s’il souffrait beaucoup à cause de sa maladie, il a tenu à faire des efforts pour lui montrer toute son affection et sa joie durant les retrouvailles. Et même dans les derniers jours, avant de tirer sa révérence, il était très proche d’elle et lui faisait de tendres adieux. Ana julia lui rendait bien son amour. Elle était tellement heureuse à ses côtés : elle l’embrassait et le câlinait dès qu’elle le voyait. Elle faisait tout pour le garder en vie et pour qu’il retrouve son énergie d’antan. Mais, Jupiter a fini par rendre l’âme. En évoquant cette douloureuse période, la femme a exprimé sa douleur et n’a pas pu retenir ses larmes : « Pour moi c’était très dur. On s’est tous battu pour qu’il reste en vie. Tellement d’efforts, tellement de travail… mais, aujourd’hui, il n’est plus là… ». Son chagrin était immense et elle a eu beaucoup de mal à se remettre de sa disparition. Mais, elle se console en se disant que les derniers instants qu’ils ont partagés ensemble ont été intenses et merveilleux. Il lui manquera, c’est sûr, mais elle se sent reconnaissante de l’avoir connu et de lui avoir donné une place privilégiée dans son cœur. Leur lien était unique et elle ne l’oubliera jamais.