L’enseignement supérieur est l’un des secteurs les plus précarisés de l’économie britannique et, pour beaucoup, c’est un véritable parcours du combattant. En témoigne l’histoire bouleversante de cette jeune femme, relayée par le journal d’information britannique The Guardian en 2021. Enseignante le jour, SDF la nuit, elle a dû lutter avec acharnement pendant deux longues années pour espérer s’en sortir. Malgré l’angoisse et la peur de vivre sous sa tente, elle est restée forte et déterminée à travailler dur pour obtenir son doctorat. Pour couronner le tout, aucun de ses élèves n’a jamais deviné la situation dans laquelle elle évoluait au quotidien.
Une enseignante très courageuse qui force le respect
Dans une interview exclusive, accordée au journal The Guardian, Aimée Lê a ouvert son cœur, détaillant les défis qui l’ont poussée à faire ce choix radical. L’enseignante a expliqué qu’en raison de sa situation financière précaire, elle ne pouvait pas se permettre de supporter la lourde charge d’un loyer. Car, bien qu’elle soit chercheuse et professeure, elle n’avait que de modestes revenus qui ne lui permettaient pas de vivre convenablement. Toutefois, la jeune femme n’a pas voulu baisser les bras, elle a témoigné d’une détermination inébranlable à poursuivre son rêve académique. Qu’importe si elle devait faire de nombreux sacrifices pour y arriver.
Aimée a ainsi pris la décision courageuse de s’installer à proximité du campus de la célèbre « Royal Holloway University », qui fait partie de la prestigieuse University of London. Malgré sa situation difficile, elle ne voulait absolument pas que cela affecte ses rêves ni que cela bloque la route qu’elle poursuivait : Aimée se sentait prête à tout faire pour ne pas compromettre son doctorat en cours et sa future carrière universitaire aux États-Unis. Mais, jusque-là, elle ne s’attendait pas à vivre dans des conditions aussi épouvantables. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son expérience était bien loin d’être confortable.
Des conditions de vie très difficiles…
Loger dans une tente sous les étoiles, pour beaucoup de gens, c’est une aventure vivifiante et excitante. Certes, encore faut-il que cette jolie excursion n’excède pas trois ou quatre jours. Imaginez y vivre pendant deux ans, c’est carrément une autre affaire ! Et pourtant, ce fut bel et bien le quotidien de cette jeune enseignante. Il en faut du courage, de la patience et des nerfs solides pour dormir dans un tel environnement. Pas loin du campus, en pleine nature, Aimée a installé une toute petite tente pour une seule personne. Comme on peut s’en douter, elle fut confrontée à des températures glaciales et à des conditions de circulation difficiles. Elle se souvient, non sans tristesse, des jours où elle se réveillait avec sa tente recouverte de neige, un rappel brutal de la réalité de son quotidien.
Pour faire ses besoins, Aimée utilisait les toilettes de l’université et elle se restaurait dans des cantines publiques. Son téléphone portable était devenu son outil de travail essentiel. Sa précieuse collection de livres était bien conservée à côté de son lit. Mais, le plus triste dans l’histoire, c’est qu’elle avait soigneusement gardé le secret sur son statut de sans-abri, le dissimulant à ses supérieurs et à ses étudiants. Elle craignait surtout que sa situation nuise à sa réputation et à ses objectifs académiques. Même ses parents n’ont pas été mis dans la confidence : elle avait honte de leur avouer où elle vivait, préférant les rassurer en leur disant qu’elle logeait confortablement dans une ferme biologique.
Une expérience terrifiante qui l’a pourtant rendue plus forte
Face aux innombrables obstacles sur son chemin et tous les défis inimaginables qu’elle a dû relever, Aimée a volontairement choisi de partager son expérience douloureuse avec le monde entier. Elle a fait preuve d’un incroyable courage en exposant sa propre vulnérabilité, mais elle souhaitait surtout mettre en lumière l’importance de compatir et de soutenir les personnes confrontées à des circonstances similaires. « C’était une expérience vraiment effrayante. J’ai découvert un camp de protestation près du campus et j’ai demandé la permission de me joindre à eux avec ma tente, pour ne pas me retrouver seule. C’est ainsi qu’ont commencé les deux années suivantes de ma vie », raconte-t-elle.
Son histoire a largement fait polémique
Elle gardait pourtant l’espoir de trouver une certaine stabilité pendant son doctorat, mais, malgré tous ses efforts, Aimée n’a réussi à décrocher que quelques contrats temporaires, et sa situation financière est restée difficile. Si bien qu’au bout d’un moment, elle a finalement été contrainte de rendre les armes et de retourner vivre chez ses parents, tout en cherchant des emplois plus stables.
Bien entendu, le parcours d’Aimée a attiré l’attention du public et a suscité un véritable débat sur les conditions de travail précaires auxquelles sont confrontés de nombreux enseignants au Royaume-Uni. « Il est facile de regarder en arrière et de se demander si tout cela en valait la peine. Si, en tant que migrante, j’aurais dû abandonner mon doctorat. J’aurais peut-être dû me rendre compte que la situation ne s’améliorerait jamais », dit-elle résignée. Mais, elle se sent fière d’avoir partagé tout ce qu’elle a vécu. Sonhistoire est un rappel poignant des nombreuses luttes auxquelles font face tous ceux qui sont à la poursuite de l’excellence académique au beau milieu de défis écrasants.