Pourquoi les tronçonneuses ont-elles été inventées ?
L’invention de la tronçonneuse remonte au XVIIIe siècle. À l’époque, cet outil se présentait sous forme de couteau doté d’un mécanisme de chaîne actionnable à l’aide d’une poignée tournante. Le but de cette invention : couper les os et le cartilage pour faciliter l’accouchement par voie basse. Cette pratique, aujourd’hui obsolète, a été remplacée, grâce à l’avancée scientifique dans le domaine, par la césarienne.
Alors avant de devenir un instrument pour tailler du bois, la tronçonneuse gynécologique a joué un rôle salvateur dans le domaine médical de l’époque ; les médecins n’avaient pas d’autres options plus sûres en cas de problèmes durant l’accouchement. Cette invention, quoique cruelle, a sauvé plusieurs mères et leurs bébés, et a été utilisée en chirurgie pendant la majeure partie du 18e et du 19e siècle, selon le journal britannique The Sun.
Qui a inventé les tronçonneuses ?
John Aitken et James Jeffray sont les deux médecins écossais qui ont inventé la tronçonneuse. Le premier était chirurgien à la Royal Infirmary d’ Édimbourg, donnait des conférences et faisait des démonstrations médicales à des étudiants en médecine, tandis que le second était professeur d’anatomie et de botanique à l’Université de Glasgow pendant plus 58 ans. Ce dernier a d’ailleurs publié, en 1806, un recueil d’ouvrages nommé Cases of the Excision of Carious Joints, dans lequel il discute de l’invention de la tronçonneuse.
Quelques années plus tard, soit en 1830, une invention similaire a vu le jour. Cette dernière a été créée par un chirurgien orthopédiste allemand, pour ensuite devenir un outil à couper le bois. En effet, plusieurs tronçonneuses ont été développées jusqu’à devenir, au fil des années, aussi puissantes et aussi robustes que celles que nous connaissons actuellement.
La tronçonneuse : l’outil de l’accouchement à l’ancienne
Avant le développement de la médecine moderne, il n’y avait ni antibiotiques, ni anesthésies. Cela rendait le travail des médecins plus compliqué, surtout lorsqu’il s’agissait de chirurgie. Dans le domaine obstétrique, par exemple, les taux de mortalité des mamans et de leurs bébés étaient très élevés compte tenu des accouchements particulièrement difficiles en cas de complications pendant le travail. À l’époque, la césarienne était jugée dangereuse pour la vie de la mère et de son enfant, car elle présentait un grand risque d’infection. Les médecins devaient donc trouver d’autres alternatives lorsque l’accouchement devenait compliqué.
L’une de ces alternatives est la symphysiotomie, pensée en 1770 par le médecin Français Jean-René Sigault. Ce dernier s’est inspiré d’un article scientifique datant des années 1500, rédigé par le chirurgien Séverin Pineau, qui décrit une « diastase du pubis » ou plus communément, la séparation des os de l’articulation pubienne. L’idée était donc d’élargir l’ouverture du bassin pour faciliter le passage du bébé par le vagin.
Cette technique a été mise en pratique pour la première fois en 1777, lorsque Sigault et son assistant Alphonse le Roy l’ont expérimentée sur l’une de leur patiente, Madame Souchot. Cette femme enceinte de 40 ans était atteinte de rachitisme, et avait le bassin contracté, l’empêchant d’accoucher naturellement. La pauvre femme avait déjà perdu quatre bébés et les médecins étaient tous d’accord pour dire qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, si ce n’est à l’aide d’une césarienne, qui lui serait fatale.
Sigault a donc testé son idée en sectionnant l’articulation pubienne de Madame Souchot, et le résultat était à la hauteur de ses espérances. L’opération s’est déroulée avec succès, et la maman et son enfant en sont sortis sains et saufs. Depuis, la symphysiotomie est devenue la solution la plus sûre en cas de dystocie, rapporte le How Stuff Works.
La version de Bernhard Heine de la première tronçonneuse
Comme cité plus haut, un chirurgien orthopédiste allemand a mis au point une nouvelle tronçonneuse médicale en 1830. Cet homme de science, nommé Bernhard Heine, avait déjà conçu bon nombre d’appareils tout au long de sa vie professionnelle, mais cette dernière trouvaille lui a valu le plus grand de ses succès. Ressemblant de près à la tronçonneuse moderne que nous connaissons aujourd’hui, cet instrument portant le nom d’ostéotome à chaîne avait peu de dents à l’extérieur et des rainures à l’intérieur. Il se composait également d’une manivelle et d’une plaque mince en forme de couteau sur laquelle s’étendait une scie.
Cette nouvelle version de la tronçonneuse n’était pas faite pour une symphysiotomie, mais elle était idéale pour plein d’autres opérations chirurgicales délicates en remplacement des marteaux, des ciseaux et des scies d’amputation ordinaire. En effet, elle pouvait couper les os rapidement, permettant ainsi au patient non anesthésié de souffrir moins longtemps. Par ailleurs, l’ostéotome à chaîne disposait de protections réglables afin de réduire ou d’élargir l’action de la scie en fonction de la taille de la zone à couper. Cet outil exigeait cependant une grande expertise et son inventeur était l’une des rares personnes à savoir l’utiliser.
La tronçonneuse électrique tel que nous la connaissons aujourd’hui
Ce n’est que des décennies plus tard qu’un inventeur a réalisé qu’une scie utilisée pour couper des os pouvait tout autant servir à couper du bois. Il s’agit du naturaliste John Muir, qui a créé, en 1897, une grosse machine mécanique censée faciliter l’abattage des arbres. Malheureusement, cet appareil fonctionnait avec une grue et pesait des centaines de kilos, le rendant peu pratique.
Le bûcheron Samuel J. Bens a ensuite déposé une demande de brevet à San Francisco en 1905 pour « une scie à chaîne sans fin », basée sur l’ostéotome de Heine. Cette dernière était aussi volumineuse et encombrante. Après cela, le canadien James Shand a conçu la première tronçonneuse portative, puis le mécanicien allemand Andreas Stihl, a créé la tronçonneuse à moteur électrique en 1926 et à essence en 1929. Cependant, elles exigeaient plus d’une personne pour fonctionner. Ce n’est qu’en 1950 que la première tronçonneuse individuelle a vu le jour ce qui a permis la production de tronçonneuses plus modernes.