Si elle ne respecte pas certaines normes, son efficacité peut diminuer. Comment choisir une huile essentielle thérapeutique ? Bien que la question mérite une réponse concise, plusieurs critères doivent être analysés pour garantir la qualité du produit.
Le mode d’extraction de l’huile essentielle
Une huile essentielle au citron pour les nausées, une autre à la menthe poivrée pour les problèmes de digestion, ou encore de l’estragon pour soulager les règles douloureuses… Les huiles essentielles sont particulièrement adaptées pour soigner nos maux du quotidien. Et il en existe des dizaines. Mais comment être sûr qu’il s’agit bien d’huiles essentielles bio et 100% pures pour une utilisation en toute confiance ?
Avant tout chose, il est essentiel de bien comprendre ce qu’est réellement une huile essentielle. Il convient pour cela de dissocier essence et huile essentielle. L’essence est ce qui se trouve dans les micro-poches des plantes aromatiques. Lorsque vous froissez une tige, une feuille ou une fleur de la plante par exemple, vous pourrez sentir cette essence. Elle est notamment utilisée par les parfumeurs.
En revanche, pour obtenir une huile essentielle, il faut extraire et transformer cette essence lors du processus de distillation à la vapeur d’eau. Ce processus est fait de sorte à préserver les différentes molécules. Ainsi, les huiles essentielles sont riches en principes actifs, car chacune d’elle est dotée d’environ 100 composants. C’est la raison pour laquelle vous n’aurez besoin que d’une infime quantité d’huile essentielle pour obtenir une certaine efficacité.
Les vertus de chaque huile dépendent du type de plante utilisé dans sa conception. Faites ainsi attention à acheter des produits portant la dénomination de « huile essentielle » et non essence, hydrolat, décoction, eau florale ou encore parfum. À titre d’information, l’hydrolat est constitué d’eau, avec une essence diluée, tandis que l’absolu correspond à un résidu de l’extraction du concentré aromatique.
Les conditions de distillation et de séchage
La distillation artisanale est réalisée lentement, à basse pression et respecte une certaine durée réglementaire pour obtenir une huile essentielle de qualité. Toutes les fractions aromatiques sont alors préservées. Cette durée dépend du type de plante. À titre d’exemple, pour la fleur de lavande, elle sera de 1h30 environ, tandis que pour le clou de girofle, il faudra compter 24 heures en continu.
A contrario, une distillation industrielle se fera avec une plus courte durée et à plus haute température pour obtenir une huile essentielle rapidement. Mais cela a un impact sur les fractions aromatiques, qui seront incomplètes. Le produit obtenu sera de moindre qualité.
Le temps de séchage a également une incidence sur la concentration des principes actifs. Sa durée et sa température doivent être rigoureusement contrôlées.
La pureté de l’huile essentielle
Une huile essentielle pure est une huile qui n’a ni été diluée ni coupée avec un autre composant. Avec l’essor de l’aromathérapie, certains fabricants peu scrupuleux ont en effet tendance à mélanger leur produit avec des composants pour réduire les coûts de production.
Pour vous assurer que votre huile répond à ce critère, veillez donc à bien vérifier que la mention « 100 % pure et naturelle » et apposée sur le packaging. Cela signifie que l’huile essentielle n’a été ni diluée, ni modifiée, et qu’elle contient moins de 30 % de molécules de synthèse.
La chromatographie
Il n’est pas rare de trouver sur le marché des huiles essentielles coupées, diluées, allongées ou dénaturées avec d’autres huiles essentielles proches, des huiles végétales ou minérales et des molécules de synthèse à bas prix. Elles peuvent aussi être décolorées ou dépourvues de certaines molécules essentielles. Cela peut non seulement les altérer, mais aussi les rendre toxiques. Elles affichent pourtant la mention « 100 % naturelle ».
Pour s’assurer qu’elles soient de qualité, il faut alors vérifier qu’un contrôle en laboratoire a bien été effectué. La méthode utilisée à cette fin est la chromatographie. Grâce à l’utilisation d’un appareil spécifique, il est possible de déterminer les différentes molécules présentes dans l’huile essentielle, ainsi que leur quantité.
Le chromatographe fournit une image avec une série de pics, indiquant chaque molécule aromatique. Il indique à la fois la quantité en ordonnée, et en abscisse le pouvoir antibactérien. Ainsi, les pics les plus grands correspondent aux composés les plus présents en quantité, et inversement pour les petits pics. La lecture d’un chronogramme est donc tout ce qu’il y a de plus facile. De plus, un tableau récapitulatif vous permet de connaître les valeurs exactes.
Cette méthode est la seule assez poussée pouvant certifier la composition exacte d’une huile essentielle. Mais il existe également une autre méthode qui permet de savoir si une huile essentielle a été coupée ou non. Il s’agit du test du buvard. Il consiste à déposer une goutte de l’huile sur un buvard. Si une zone claire ou une tache de gras apparaît autour de la goutte, c’est que la qualité de l’huile n’est pas garantie.
Le chémotype des huiles essentielles
Assurez-vous également que l’huile essentielle est chémotypée, c’est-à-dire que son espèce botanique a été clairement identifiée.
La race chimique ou chémotype de l’huile essentielle permet de connaître ses vertus thérapeutiques, mais aussi son éventuelle toxicité. Le chémotype correspond à une carte d’identité permettant de distinguer les différentes huiles essentielles provenant d’une même espèce de plante. Le chémotype permet ainsi de savoir avec précision les propriétés de chaque essence. Il indique les différents composants aromatiques et le composant prépondérant.
Là encore, c’est la chromatographie qui permet de connaître le chémotype d’une huile essentielle. La méthode permet de séparer les substances et d’indiquer leur taux de concentration. Pour l’huile essentielle de thym par exemple, il existe de nombreux chémotypes, avec chacun leur propriété essentielle : Thymus vulgaris linaloliferum, Thymus vulgaris geranioliferum, Thymus vulgaris thujanoliferum ou encore Thymus vulgaris thymoliferum. Pour profiter de propriétés antibactériennes par exemple, c’est ce dernier qu’il faut privilégier.
Différents critères peuvent faire changer le chémotype, comme son lieu de culture, le climat, l’altitude, l’ensoleillement, la nature et la composition du sol, ou encore la période de récolte.
Lorsqu’une huile essentielle est chémotypée, le flacon indique clairement la mention HEBBD, signifiant : huile essentielle botaniquement et biochimiquement définie, ou encore HECT (Huile Essentielle Chémo-Typée). Vous devrez aussi pouvoir lire sur le flacon le nom de l’espèce en français et en latin, ainsi que l’organe utilisé (la fleur, les feuilles, les racines, les graines, les écorces…) et enfin l’origine géographique.
L’intégralité, un critère important
Une huile essentielle est intégrale lorsqu’elle n’a pas été déterpénée pour être mieux supportée. Cela signifie qu’elle n’a pas été privée des molécules dites monoterpènes, qui ont des propriétés essentielles (anti-infectieux, antibactérien, antifongique, veinotonique, tonique général…).
Elle est aussi intégrale lorsqu’elle n’a pas subi de rectification ou une distillation fractionnée ayant pour conséquence de supprimer certains composants ou d’en réduire la teneur. Elle doit également ne pas avoir subi de décoloration.
Comme on l’a évoqué plus tôt, le temps de distillation doit être contrôlé et doit respecter une certaine durée afin que toutes les phases soient parfaitement extraites, allant de la tête à la queue. Là encore, certains fabricants n’hésitent pas à raccourcir cette durée par souci de rentabilité, ce qui donne une huile essentielle incomplète.
Huiles essentielles : la certification BIO
L’appellation bio est souvent perçue comme une garantie de qualité, assurant aux consommateurs la pureté du produit.
Pour obtenir une certification bio, la production doit répondre à un certain mode de culture, et non un mode de distillation. Le label bio garantit ainsi que l’huile a été extraite d’une plante cultivée dans des zones non polluées, sans l’utilisation d’engrais, de pesticides et d’autres produits chimiques pouvant altérer ses qualités et la santé de son utilisateur par la même occasion. Il garantit également l’absence de parfums, de conservateurs et d’ingrédients issus du pétrole, de silicones et d’OGM.
Mais attention cependant, car une huile essentielle peut être bio, mais mal distillée, ce qui peut donner une odeur désagréable et ne pas offrir la composition biochimique attendue.
L’odeur de l’huile essentielle
Un autre moyen facile de connaître la qualité de l’huile essentielle que vous allez acheter est justement de la sentir. Vous connaissez bien l’odeur de la lavande. Si l’huile a une odeur sensiblement différente, soit elle a été mélangée, soit elle est périmée.
Il est d’ailleurs important de connaître la date de péremption du produit que vous allez acheter, ou au moins la date de fabrication. De mauvaises conditions de stockage ont aussi pu altérer la qualité de l’huile essentielle.
Souvent, il n’est pas possible d’ouvrir le flacon. Il est alors important d’acheter votre produit dans un magasin ou site renommé et de confiance, en vérifiant les avis par exemple.
Le conditionnement
Le conditionnement est un autre facteur important pour le choix de votre huile essentielle. De préférence, optez pour un produit préservé dans des flacons en verre sombre. Ces derniers protègent l’huile des rayons UV, qui peuvent l’altérer.
Privilégiez également les petits flacons de 10 ml environ. Cela vous évitera d’avoir des fonds de flacon qui seront restés trop longtemps inutilisés et qui peuvent se périmer. Cette règle ne s’applique cependant par pour les huiles essentielles dites cultes, qui sont utilisées régulièrement en grande quantité et qui sont donc souvent proposées dans de plus gros flacons. C’est souvent le cas des HE de lavande, de menthe poivrée et de ravintsara.
Optez également pour des flacons dotés de bouchons inviolables, équipés d’un système de sécurité pour les enfants et qui sont plus pratiques et sécuritaires au quotidien.
Une fois que vous aurez choisi vos huiles essentielles, il est aussi important de bien les conserver. Il est pour cela recommandé de les garder à l’abri de la lumière et de la chaleur, soit à une température comprise entre 5 et 30°.
Certaines huiles essentielles vont en effet se cristalliser lorsqu’elles sont à trop basse température. C’est par exemple le cas de la menthe poivrée, du thym à thymol, ou encore de l’huile essentielle de rose. Cela n’a cependant pas d’incidence sur leur qualité et elles se liquéfient rapidement lorsqu’elles sont de nouveau à température ambiante.
Conservez-les bien rebouchées après chaque utilisation, car elles sont oxydables. Il est aussi recommandé de les garder dans leur emballage avec leur notice. Cela vous facilitera leur utilisation et vous évitera les erreurs. Gardez aussi le flacon bien debout pour éviter que l’huile ne ronge le bec compte-gouttes, souvent en plastique.
En respectant ce mode de conservation, vous pourrez préserver vos huiles essentielles pendant environ 5 ans. Cette durée dépend du type d’huile. Elle peut être réduite à seulement 3 ans pour l’HE d’agrumes et à 2 pour l’HE d’aiguilles de conifères par exemple.
Le prix des huiles essentielles
Les huiles essentielles sont des produits plus ou moins onéreux, en raison du faible rendement des plantes aromatiques. Il faut en effet une grande quantité de plantes pour obtenir une infime quantité d’huile. À titre d’exemple, pour obtenir un litre d’huile essentielle, il faut environ 7 kg de boutons floraux séchés de giroflée. Pour les fleuries de lavandin, il en faut 50 kg et 150 kg pour les sommités fleuries de lavande vraie.
Dans le cas du thym vulgaire, plus d’une tonne est nécessaire pour obtenir un litre d’HE et 4 tonnes pour les pétales de roses de Damas. Le prix d’une huile essentielle peut ainsi aller de quelques euros seulement à plusieurs dizaines d’euros pour un petit flacon de 10 ml.
La rareté de la plante aromatique entre également en compte, ainsi que la distance parcourue par le produit avant de parvenir aux mains des consommateurs. Il faut ainsi faire attention aux huiles essentielles à petit prix qui ont des chances d’être synthétiques.
Idéalement, on devrait trouver toutes ces informations sur l’étiquette du produit, mais ce n’est pas toujours le cas, soit par manque de place, soit pour des questions de coût d’étiquetage.
Toutefois, même si ces indications ne sont pas sur le flacon, vous devriez pouvoir les connaître grâce à la notice d’utilisation qui accompagne la bouteille, ou elles devraient au moins être disponibles à la demande.