Dans ce monde, il existe des relations de dépendance dans lesquelles une personne qui manque de maturité a besoin d’une autre personne pour assumer ses propres responsabilités. Ceux qui ont peur de devenir adultes souffrent de ce que l’on appelle le syndrome de Peter Pan, et ceux qui ont besoin de les materner ont souvent une personnalité connue sous le nom du syndrome de Wendy.
Dans notre enfance, nous avions l’habitude de regarder des contes de fées sans forcément détecter les vices cachés des protagonistes. Vous vous souvenez probablement de Peter Pan, l’enfant qui refusait de grandir et qui essayait d’échapper aux responsabilités de la vie d’adulte en s’envolant vers le Pays Imaginaire. Dans le film, l’incontournable Wendy joue le rôle d’une sauveuse qui tente de raisonner les personnages immatures et de les guider vers le droit chemin. Pourtant, elle est reléguée au second plan et s’efface pour se consacrer aux autres. Dans la vie réelle, on retrouve les personnalités de Peter Pan et de sa sauveuse, Wendy.
Wendy, une personne qui se consacre aux autres
Dans le dessin animé, Wendy occupe le rôle d’une fillette qui se sacrifie pour les êtres immatures comme Peter Pan. Malgré son jeune âge et sa naïveté, la fillette dispose d’une fibre maternelle qui la pousse à soutenir, à réconforter et à épauler Peter Pan. Pendant que le lutin fait face au Capitaine Crochet, Wendy le protège et surveille ses arrières. Telle une véritable mère poule, elle se dévoue et a besoin d’être constamment attentive à ce qui se passe jusqu’à rendre Peter Pan totalement dépendant de sa présence. Dans la vie réelle, cet investissement affectif, cette gentillesse et ce besoin maladif d’épauler les personnes irresponsables et puériles traduisent souvent une peur d’être abandonné et un besoin d’être accepté. En 1983, Dan Kiley, un psychanalyste américain, a mis en avant ces personnalités complémentaires. Ainsi, une personne dépendante qui a du mal à assumer ses responsabilités peut souffrir du syndrome de Peter Pan. D’un autre côté, celui ou celle qui porte sur ses épaules les responsabilités de cette personne peut être atteinte du syndrome de Wendy. Pour être aimé, l’individu construit des schémas affectifs toxiques. Cette personnalité abandonnique comble un manque d’amour inconscient en construisant une relation de dépendance et développe diverses attentes de l’autre. En réalité, Wendy souffre d’une insécurité et d’un besoin d’affection qui la poussent à avoir des relations amoureuses avec des personnes dépendantes et immatures.
Comment détecter le syndrome de Wendy ?
Plus investies au sein du foyer, les femmes sont davantage concernées par le syndrome de Wendy. Dans une relation de couple, certaines femmes jouent un rôle de maman et empêchent leur partenaire de grandir, de se libérer de la dépendance et de prendre ses responsabilités. De son côté, le partenaire semble dépendant des autres et souffre d’une immaturité affective et émotionnelle. Pour se sentir rassuré et mener à bien ses projets, il entretient un lien d’amour malsain qui le prive de toute autonomie affective et fonctionnelle. Souvent, un amour fusionnel et pathologique se crée entre ces deux partenaires qui deviennent dépendants l’un de l’autre. Wendy a des attributs spécifiques qui l’aident à pallier un sentiment de manque constant. Elle a besoin de materner, de déverser sa charge affective et sa soif sentimentale sur l’autre. Peter Pan, lui, parvient à compenser son manque de maturité en développant un modèle relationnel singulier. Dans la recherche du bonheur, Wendy a besoin de rester dans cette position de sauveuse pour se sentir utile, appréciée et nécessaire. Pour combler son manque d’estime d’elle-même et répondre à son besoin de reconnaissance, elle cherche à plaire aux autres à tout prix. Ainsi, elle entretient des schémas relationnels pour pallier sa solitude affective. Les personnes qui souffrent du syndrome de Wendy sont des nourrices refoulées qui se tournent sans cesse vers des hommes qui ont besoin d’être assistés et épaulés. Sur le long terme, la relation devient nocive et peut déboucher sur des souffrances et un mal-être profond. La dépendance de l’homme peut l’inciter à ressentir le besoin d’être constamment materné et à se reposer sur ses lauriers en attendant que l’autre prenne les devants. La femme, qui se donne corps et âme pour combler le vide affective dont elle souffre, peut se retrouver débordée par la situation. En tentant d’assouvir les désirs de l’autre, de répondre à ses besoins et de prendre ses responsabilités à sa place, elle peut se sentir vidée. Elle se retrouve privée de son libre arbitre et délaisse ses passions et ses propres intérêts. Sa bienveillance, son besoin de s’afficher sous son meilleur jour et d’être irréprochable l’empêchent de s’épanouir et de vivre pleinement sa vie.
Pourquoi certaines personnes souffrent de ce syndrome ?
Fort heureusement, toutes les femmes ne souffrent pas du syndrome de Wendy et ne vivent pas pour les autres. Souvent, Wendy a une mauvaise image d’elle-même qu’elle tente d’effacer en se montrant utile pour autrui. “La Wendy fait tout ce qui est en son pouvoir pour avoir l’estime des autres, car elle a une mauvaise image d’elle-même”, indique le psychologue Gilberto Espino. “Malgré ses propres sentiments qui oscillent entre la haine et le courage, à la limite de la loyauté amoureuse et inconditionnelle, cela implique une dissonance cognitive de sa propre estime de soi interne”, poursuit-il. Ainsi, le syndrome de Wendy cache souvent des traumatismes plus profonds. Les personnes qui en souffrent peuvent avoir eu une enfance difficile. Parfois, elles ont grandi avec des parents absents ou négligents. Dans certains cas, une éducation sexiste, une rupture amoureuse violente ou une enfance solitaire sont à l’origine de cette personnalité complexe. Pour compenser son manque d’affection et atténuer son angoisse de l’abandon, Wendy tente de se conformer aux désirs des autres.
Comment trouver l’équilibre dans une relation ?
La dépendance affective peut priver une personne de son autonomie et la pousser à souffrir d’un manque énorme lorsqu’elle est seule. Souvent, le manque de confiance en soi pousse à être dépendant d’autrui et à avoir besoin des autres pour être heureux. Dans cette relation de co-dépendance qui s’installe entre Peter Pan et Wendy, le sentiment d’être aimé comble un vide affectif chez Wendy et rassure Peter Pan. Mais sur la durée, cette relation devient délétère et prive les deux protagonistes de leur libre-arbitre. Pour retrouver l’équilibre dans la relation et se délester de ce schéma nocif, le couple doit prendre conscience de ces dysfonctionnements. Les rôles que nous occupons doivent être équilibrés et interchangeables pour que chacun puisse évoluer indépendamment de l’autre. Wendy se doit de ne plus interférer dans les obligations de son conjoint et le laisser prendre ses responsabilités. Même si elle s’inquiète pour son partenaire, elle doit pouvoir faire des activités qui lui font du bien et qui apaisent son stress. Elle doit prendre conscience qu’elle ne vit pas pour lui et qu’il peut résoudre ses problèmes de manière indépendante. Et pour cause, le fait de jouer le rôle de mère l’empêche d’évoluer et de devenir responsable.