Également connue sous le nom d’herbe aux puces, chasse-puces, herbe de Saint-Laurent, la menthe des jardins est une herbacée vivace mesurant de quelques dizaines de centimètres à plus d’un mètre. Ses feuilles, dentées et finement nervurées, sont plus ou moins velues et sont colorées d’un vert franc à soutenu. Sa floraison est estivale, en épis terminaux blancs, roses ou bleus. Toutes les parties de la plante sont puissamment aromatiques.
Toutes les menthes ne donnent pas fraîche haleine
Réparties sur tous les continents, les menthes sont multiples, et toutes exhalent le même arôme puissant. Dans nos jardins, la plus classique est la menthe verte Mentha viridis ou M. spicata. D’autres espèces et variétés sont employées en médecine, en parfumerie et dans l’industrie alimentaire. Parmi les plus connues, on trouve la variété «Nanah» ou menthe marocaine, utilisée pour le thé et appré ciée pour son bouquet généreux. On peut également citer la menthe poivrée Mentha x piperita, plus forte, et la «Mitcham», devenue le fameux peppermint des Anglais, très employée en confiserie. Toutes les menthes renferment du menthol, mais seule la menthe poivrée renferme le menthol levogyre aux propriétés bactériosta tiques, utilisé notamment pour rafraîchir l’haleine.
La cultiver : un jeu d’enfant !
Menthe : comment la planter (sans se planter) Le semis est possible et facile (voir encadré), mais c’est se compliquer la tâche quand presque toutes les menthes sont disponibles déjà semées dans des petits godets de plastique. Faites votre choix en début de printemps ; c’est à cette période que l’assortiment dans les jardineries est le plus large. Plantez à raison d’un godet tous les 30 cm. Cela permettra à la menthe de s’étaler et former un tapis continu, dès la fin de la première année. À partir de la deuxième année, aussi bien pour les plantes en pleine terre au jardin que pour celles en pot, vous pourrez facilement multiplier la menthe en la marcottant, c’est-à-dire en enterrant, sans les détacher, quelques-unes de ses branches. Observez alors la croissance de la plante : elle va se mettre à produire de longues tiges secondaires à la surface du sol qui vont s’enraciner spontanément : les stolons. Il suffit de prélever puis replanter quelques tronçons de ces stolons munis de petites racines (radicelles) pour obtenir de nouveaux plants. Simplissime !
SEMIS : JAMAIS EN DESSOUS DE 20°C !
Le semis est facile, mais vous devrez vous armer de patience avant d’avoir un beau tapis généreux.
Si vous tenez à le faire vous même, alors semez au chaud (20°C environ), à l’abri ou à l’intérieur. Aidez-vous d’un semoir à main car les semences sont fines et placez les graines en terrines ou en pots. Recouvrez-les ensuite d’une fine couche de terreau tamisé, tout juste pour les masquer de la lumière. Tassez légèrement et arrosez en pluie fine à l’aide d’un vaporisateur. Après la levée des tiges (en moyenne 20 jours), éclaircissez pour conserver un plant tous les 3 à 5 cm. Lorsque les plans ont 2 ou 4 feuilles, replantez-les en godet individuel et laissez la menthe pousser tranquillement.
Soleil et terre fraîche font bon ménage
La menthe pousse à mi-ombre et même sous une ombre assez dense, mais c’est en plein soleil qu’elle est plus vigoureuse et généreuse. Dans tous les cas donnez-lui une terre riche en humus, que vous maintiendrez fraîche à légèrement humide par des arrosages réguliers entre mai et septembre. Au plus fort de l’été, en plein soleil, les arrosages sont quotidiens.
La menthe aime aussi être rasée de près
Les soins sont très réduits. Il vous suffit d’apporter un engrais organique en automne (pour reconstituer les réserves nutritives du sol) et d’épandre de manière légère un peu de compost ou de terreau.
La cueillette régulière des tiges feuillées suffit à entretenir la plante. Observez les bourgeons situés sous le point de coupe : en quelques jours seulement ils se mettent à fleurir et quinze jours après la taille, de nouvelles tiges feuillées ont déjà poussé ! Quand vous ne prélevez pas de tiges feuillées, pincez la plante pour en couper ses extrémités, ou plus simplement encore coupez à ras du sol les tiges les plus grandes. Cette opération facilitera la pousse des bourgeons depuis le sol et permettra de maintenir la plante feuillue et fournie.
Pour ne jamais manquer de menthe en pleine saison, il est conseillé de tailler à ras un tiers de chacun de vos plans, tous les 15 jours.
Comment conserver ses propriétés ?
Les feuilles fraîchement cueillies sont les plus aromatiques et les plus riches en menthol. Cueillez les tiges en fin de matinée lorsqu’elles sont débarrassées de la rosée, faites-en des bouquets à suspendre dans un lieu aéré et à l’ombre. Une fois séchée, conservez la menthe dans des boîtes hermétiques : elle conservera toutes ses propriétés médicinales et aromatiques.
L’hiver, meilleur remède de la menthe
Les menthes classiques sont très peu malades. Vous pourrez parfois observer en fin de saison le développement de petites taches orangées, appelées rouille, légèrement en relief sur les feuilles. Dans ce cas, coupez les tiges à ras : le passage du froid en hiver suffit généralement à tuer le champignon pour repartir sur des bases saines au printemps. Par contre, veillez à ne pas récolter de feuilles malades pour les usages et la conservation.
Envahissante, la menthe ?
La menthe a la réputation d’être envahissante : rien de plus faux ! En réalité, elle « voyage »… Elle pousse, elle s’étend puis elle dépérit depuis son point d’origine. De sorte que si l’on pouvait passer sa vie de plante aromatique en accéléré, on la verrait se déplacer et explorer le jardin. Pas d’inquiétude, donc.
Plus mon pot est grand, plus je vis longtemps !
Toutes les menthes peuvent être cultivées en pot et demeurer toute l’année à l’extérieur sur un balcon. Le plus simple est de planter directement un godet dans un pot de 20 cm au moins ou dans une grande jardinière. Pour obtenir une culture pérenne, choisissez un pot faisant au moins entre 30 à 40 cm de diamètre. Ainsi vous serez tranquille pour plusieurs années avant de rempoter. Utilisez un terreau horticole universel, largement suffisant, et placez les pots de cultures en plein soleil de préférence, à défaut à mi-ombre. Veillez à conserver le terreau toujours frais entre avril et septembre par des arrosages réguliers. En fin d’automne, coupez toute la végétation à ras et ajoutez une petite poignée d’engrais organique en prévision du redémarrage de la plante au printemps.
Si vous ne cueillez pas de tiges feuillées, coupez régulièrement la menthe à ras pour maintenir une végétation fournie. Et pour ne pas en manquer, cultivez trois petits pots en même temps : l’un fournira les feuilles, l’autre sera en train de repousser quand le troisième sera taillé court.
Puisque la menthe colonise les pots par ses stolons, profitez du rempotage tous les 3 ans pour la multiplier !
À chacun sa menthe
Si toutes les menthes ont une odeur et un goût de menthe, certaines offrent des nuances remarquables. Il suffit de froisser une feuille de la plante pour remarquer ce qui fait l’originalité de la menthe-chocolat, de la menthe-gingembre, de la menthe-bergamote (celle entrant dans la composition de l’eau de Cologne), de la menthe-anis, de la menthe-pomme, et encore de la menthe-ananas ou de la menthe-banane.
En dehors des espèces classiques, certaines ont un intérêt décoratif et quelques-unes apportent une réponse à des problèmes culturaux particuliers. Dans les interstices de votre jardinière, plantez la menthe corse, Mentha requienii «Corsica », un ravissant couvre-sol dense, de 1 cm de hauteur seulement. La menthe de Gibraltar Mentha pulegium, à peine plus haute, tapissera elle aussi votre parterre avec délicatesse. Envie d’originalité ? Adoptez la menthe crispée, Mentha crispata, qui détone par ses curieuses feuilles très dentées. La menthe des cerfs Mentha cervina, qui passe plutôt inaperçue avec ses petites feuilles étroites, est quant à elle une des plus parfumées : vous auriez tort de la négliger ! Enfin, dans les jardins secs, essayez d’introduire la menthe des champs, Mentha silvestris, et dans les lieux humides la menthe aquatique, Mentha aquatica.
PEPPERMINT : ENCORE UN (BON) COUP DES ANGLAIS
C’est aux Anglais que l’on doit l’étude détaillée de cette plante aromatique et médicinale. Au XVIIe siècle, la Mentha piperitis sapore fait partie de la très officielle liste des remèdes de la ville de Londres.
Les Anglais ont été particulièrement emballés par la menthe poivrée : leur peppermint, c’est elle. C’est tout simplement sa traduction littérale. La petite ville de Mitcham, dans le Surrey, la cultivait abondamment. On y sélectionna une variété, la Mitcham, très aromatique et fortement antiseptique, qui est aujourd’hui encore la plus demandée en confiserie.